Par superstition, on compte les « bouts de bois » plutôt que les êtres vivants pour ne pas abréger leurs vies. La grève des cheminots sénégalais de 1947 a rassemblé et décimé beaucoup de ces « bouts de bois ». De Dakar à Bamako, en passant par Thiès, Ousmane Sembene nous relate le courage de ces hommes qui se sont battus pour obtenir les mêmes droits que les cheminots français. Chef de file du cinéma africain, il a également toujours mis à l’honneur les femmes, dans ses films comme dans ses livres. Comment ne pas évoquer cette scène si réjouissante où Ramatoulaye tue un bélier toute seule à l’aide d’un simple couteau. Roman social sur fond de colonialisme français, son sujet est un chapitre majeur dans l’Histoire du Sénégal, en route vers son indépendance.

Court texte post-colonialisme, "Le vieux nègre et la médaille" dresse le portrait d'une société scindée en deux par le pouvoir de la colonisation. Meka a tout donné aux blancs : ses terres, ses enfants, et même sa foi religieuse. Pour le remercier de son implication, on promet à Meka une récompense. Il sera décoré d'une médaille par le "grand chef des blancs" lors de la cérémonie du 14 juillet. Quel honneur ! Quelle fierté ! Tout le village et ses environs sont en ébullition dans l'attente de la fameuse cérémonie. Mais peut-être que le vieux monsieur n'est pas si privilégié que cela après tout. Avec une ironie doucereuse, l'auteur montre les contrastes entre les villageois et leurs colonisateurs. On ne sait plus de qui il faut s'amuser et on se délecte du ridicule de la situation.

Roman posthume et inachevé, le lecteur retrouve Birahima, l'enfant-soldat d'"Allah n'est pas obligé" alors qu'il est de retour à Daloa, au sud de la Côte d'Ivoire. Mais une nouvelle guerre tribale entre Bété et Dioula semble être sur le point d'éclater. Birahima décide de s'enfuir en zone rebelle avec la belle Fanta dont il est amoureux. Commence un périple fait de rencontres, de dangers mais surtout, d'Histoire. En effet, la jeune fille a reçu une éducation et raconte à Birahima l'histoire de leur pays. Dans cette suite du roman "Allah n'est pas obligé", qui se lit quand même indépendamment, Ahmadou Kourouma offre avec sa voix singulière, un récit d'amour dans un pays déchiré par la guerre.

Birahima a tout juste dix ans et s’il doit tuer, c’est qu’"Allah n’est pas obligé d’être juste avec toutes les choses qu’il a créées". Quand meurt sa mère, il n’a personne d’autre que Yacouba le féticheur musulman multiplicateur de billets pour l’accompagner à la recherche de sa tante. De la Côte d’Ivoire au Sierra Leone, kalach en bandoulière et grigri au cou, Birahima traverse les contrées ravagées par les guerres tribales. Avec ses mots d’enfant de dix ans, et son vocabulaire qu’il tire d’une pile de dictionnaires, il nous conte ses aventures picaresques, récit de guerre et d’exil, de joies et de deuils.
"Allah n'est pas obligé" est une satire acerbe des dictatures d’Afrique de l’Ouest dont la légèreté de ton rend supportable l’indicible. Prix Renaudot et Prix Goncourt des lycéens (2000)

"L'empreinte du renard" est le troisième roman d'une série policière qui met en scène le commissaire Habib Kéita et l'inspecteur Sosso Traoré, de la brigade criminelle de Bamako. Les quatre tomes de la série peuvent se lire de manière indépendante. Dans "L'empreinte du renard" l'enquête se déroule en plein pays Dogon dans lequel d'étranges meurtres sont perpétrés, ce qui inquiète le Ministère de la Sécurité Intérieure. Inscrit dans une culture traditionnelle très prégnante, le peuple Dogon ne se laisse pas approcher facilement. Habib et Sosso vont devoir être patients et malins. Entre tribalisme et magie, nos deux policiers, formés aux méthodes occidentales, s'immergent donc dans les traditions ancestrales. Peut-être même qu'ils en ressortiront un peu ébranlés dans leurs convictions ...