Trilogie New

Paul Auster

Actes Sud

  • 26 mai 2020

    Murakami dit de lui qu’il est un génie. Paul Auster est l’auteur d’une œuvre de premier plan, reconnue dans le monde entier et traduite dans plus de quarante langues.
    C’est grâce à mon amie Marianne que je suis entrée dans l’œuvre de Paul Auster avec La Nuit de l’Oracle. Puis j’ai poursuivi avec Brooklyn Follies.

    Je lis peu de littérature américaine mais j’aime cet auteur qui s’offre le temps de nous décrire le moindre bouleversement du quotidien, même infime. Son écriture est cinématographique.
    L’ombre du grand roman américain plane sur chacun de ses livres. Ses récits sont ancrés dans l’épopée américaine.J’ai choisi de plonger enfin dans ce roman qui occupe ma bibliothèque depuis dix ans au moins. Un vieux Babel de bouquiniste qui s’ouvre sur un univers trouble semi fantastique. Un coup de fil reçu au milieu de la nuit plonge Quinn, un auteur de série noire, dans une aventure plus extravagante que toutes celles qu’il aurait pu imaginer. De cette aventure, alliant un humour kafkaïen, à un sens du suspense à la Hitchcock, la ville illimitée, insaisissable, New York est le théâtre au sens le plus accompli du terme. C’est le lieu privilégié des rencontres aléatoires et la scène de l’incongruité. Quinn mène une enquête proustienne, il questionne le détail, le prolongement infini des scènes.
    Paul Auster propose un roman psychologique, intérieur et furieusement étourdissant. Comme à son habitude, il interroge l’ Amérique au fil de ses romans et sa propre existence, son statut d’écrivain et invite, Siri, son épouse, au creux des pages.
    Son texte est un lieu de confrontation des styles, des formes et des lieux de l’imaginaire. Parfois l’on peut s’y perdre au fil des pages avec cet écrivain en mouvement mais la puissance psychologique, historique et formelle de la narration se démultiplie pour nous saisir. On ne perçoit pas tous le monde de la même façon. Ses textes sont exigeants, à la hauteur de son travail d’écriture où tout est questionné comme le nom des personnages. C’est un artiste d’imagination et une fois encore dans Cité de verre, il donne à voir les relations invisibles et profondes qu’entretient l’Histoire avec les vies individuelles. Il immerge ses personnages Quinn, Virginia Stillman, Paul Auster... dans leur époque tout en explorant leur vie intérieure. Ses personnages gravitent tous autour de la même constellation et parfois la question Guess who’s who nous échappe.

    C’est un écrivain subtil, il n’établit jamais de distinctions trop évidentes. Souvent lorsque j’emprunte une ruelle pavée du Vieux Lille, son regard me surprend à la vitrine d’une boutique, non loin de la cathédrale. A chaque fois que je referme un livre de Paul Auster , je pense au vieux rêve du lecteur de Borgès: écrire un livre qui s’écrirait lui-même. La proposition borgesienne s’invite dans chacun de ses livres et je m’enfonce dans chaque trame narrative en cherchant à trouver celui qui écrit celui qui écrit...
    suis-je prête pour son immense ambition 4 3 2 1?