Dire que dans la multitude, j'ai failli passer à côté de cette merveille, d'une discrétion fantôme et d'une si rare beauté! Faire connaissance avec un jeune syro-américain transgenre, qui pour oublier son mal être, déambule la nuit dans le quartier de Little Syria de Manhattan, jusqu'à ce qu'il découvre un carnet dans un lieu abandonné, ayant appartenu à une artiste qui a consacré sa vie à peindre les oiseaux d'Amérique du Nord, dont le destin semble étroitement lié avec celui de sa mère disparue, elle-même ornithologue. Ainsi va-t-il se pencher sur son passé familial, y découvrir des secrets, un long passé de migrations, en échos à celui des oiseaux.
Oui un roman d'une rare beauté, infiniment poétique et délicat.

Parce que notre besoin de rééditions est impossible à rassasier, voici un mets de choix proposé par les éditions de L'Arbre Vengeur, un délice à ne pas bouder. David, personnage bartlebien adepte du renoncement fascine et interroge. L'œuvre de Dhôtel est foisonnante, riche et enchanteresse, il est bon de replacer régulièrement l'écrivain dans nos vies de lecteurs, ses mystères et ses intrigues sont aussi sinueuses que limpides. Son pays, les Ardennes, est vaste, bien plus encore que l'Amazonie.
Enchantez vous, égarez vous : lisez Dhôtel!
« Une haute poésie a célébré les mérites de la nature. Il est juste de dire qu’une multitude d’enfants et de jeunes gens détestent ces merveilles de style, aussi bien que les lieux sauvages qui font l’objet de leurs thèmes. Qu’ils aient tort ou raison, cela est. L’artifice d’une admiration didactique ne peut empêcher que cela soit. Ce jour-là, Barnabé traîna avec lui, sur les rives du Varoux, sa haine contre les belles choses de la campagne et des livres. Il traversa le gué, parcourut le pré, où paissait peu d’années auparavant le troupeau de David. Il se plaisait à maudire, comme on ne sait le faire qu’à vingt ans, ces talus d’où montaient les épis des orchidées de juin, auprès desquelles des vipères s’enroulaient. Le vent, s’abattant du haut du ciel, balayait les papillons dans les mares. Certaines graminées avaient déjà leurs fleurs d’or : c’était des bromes. Barnabé observait ces détails, comme si d’importantes raisons l’y obligeaient ».

Votre train pour le Spitzberg vient tout juste d'être annulé ? Profitez donc de votre remboursement de billet pour vous procurer chez votre libraire "L'odyssée de Sven", trépidante et glaciale épopée d'un jeune suédois associable qui par la force des choses, va apprendre le métier de trappeur.
Ode formidable à la nature sauvage, et roman d'aventure absolument trépidant. C'est un régal!

Guidée par le constat qu'il est nécessaire d'échafauder une suite à la mort, de continuer à vivre puisqu'il en est ainsi de l'existence, Dominique Fortier offre un autre tombeau à Emily Dickinson, plus d'un siècle après la parution posthume de son œuvre poétique en 1890. Bien plus qu'un tombeau, un élégant exercice d'admiration, splendide et profondément émouvant. Un texte beau comme le printemps.
ENORME COUP DE COEUR !!!

La joie de retrouver le double prix Pulitzer dans un registre plus décalé, brillante parodie de roman noir dans le Harlem des années 60. Un monde d'arnaques, de truandage et de lutte des classes, dans lequel Ray Carney, notre héros, vendeur de meubles et d'électroménager, filou mais pas voyou, navigue entre deux mondes : l'ordinaire et, bien malgré lui, celui du crime. Un roman haut en couleur aux allures résolument pop. C'est un régal!