Librairie coiffard

23,00
Conseillé par (Libraire)
6 janvier 2021

Conseillé par Marie-Laure

Il y a beaucoup d’Eduardo Berti dans ce livre ; il y a beaucoup de Conrad dans ce livre. Ici Joseph redevient Józef. Il a transformé son nom ukrainien, tout comme le père de l’auteur lorsqu’il a quitté la Roumanie pour l’Argentine. Ce livre est construit selon un système de miroir. Deux pères en exil, deux hommes qui ont fui leur terre natale et changé de langue.
Le narrateur, lui-même écrivain, a émigré plusieurs fois. Il a vécu en France puis en Espagne. Comment fait-on d’une langue, sa langue ? Plusieurs fois, on fera référence à la nouvelle de Conrad, "Amy Foster", dans laquelle le mari se met à délirer dans sa langue originelle. Conrad a été un inconnu pour sa femme, mais aussi pour son fils Borys. De même, le narrateur essaie de retrouver son père à travers un roman qu’il avait entrepris d’écrire. Et voici que notre narrateur commence un livre à propos de Conrad : un lecteur décide de venir l’assassiner car l’écrivain l’aurait soi-disant humilié dans un de ses textes. Le narrateur se rendra d’ailleurs à Pent Farm, dans le Kent, lieu de résidence de Józef. La boucle est bouclée.
Une construction brillante, où chacun est l’écho ou le sujet de l’autre. Une réflexion sur la langue, la paternité et l’écriture. Un roman formidable qui entraîne le lecteur aux quatre coins du monde sans jamais le perdre.

Conseillé par (Libraire)
2 janvier 2021

Conseillé par Stéphanie

Sur le bandeau de la couverture d'"Over the Rainbow", il y a une photo en noir et blanc. Sur cette photo, le sourire d'un homme envahit tout. Il a l'air heureux. Il se tient sur un balcon étroit. Près de lui, une petite fille est là. Cheveux au carré, chemisier fleuri, elle est gracieuse et semble un peu intimidée. Quelque chose d'invisible les lie."Tous les chagrins sont supportables si on en fait une histoire" et "Toute histoire commence par quelqu'un qui s'en va" sont les premiers mots de ce récit. D'emblée, vous sentez que cette histoire va vous toucher. C'est comme une fulgurance : le sourire de cet homme n'est plus et la petite fille est devenue grande. On le sait et on veut qu'elle nous raconte, qu'elle transforme son chagrin. Il faut qu'elle partage ce père, ce grand absent, cet intellectuel passionné, cet homme mort d'avoir aimé les hommes. Alors Constance Joly nous parle de Jacques en s'adressant à lui. Avec justesse, avec pudeur et avec tellement d'amour. Un père qui vous a appris à écouter "le bruit des ronces", c'est un père qui vous a appris à aimer la vie.

Conseillé par (Libraire)
2 janvier 2021

Conseillé par Stéphanie

"Elle peut être grande ou petite, perdue au milieu de l'Océan ou à portée du Continent, elle peut être sauvage et inhabitable ou colonisée depuis des siècles, l'île fascine depuis toujours. Insolite, fantastique, disparue, l'île alimentait déjà les récits homériques. L'Homme aime les îles.
Cette île-là, celle dont il est question dans le roman de Martin Dumont, c'est une île bretonne. C'est l'île de Marcel, de Stéphane, de Joss, de Christine ... Mais c'est surtout l'île de Léni. L'îlien Léni. L'anagramme n'est pas loin, à quelques bordées sur un bon dériveur.Léni est né là, a grandi là et travaille depuis des années sur le chantier de Marcel. Il répare les bateaux, c'est son métier mais c'est plus que ça. Quand Léni est sur l'eau, ils ne font plus qu'un, lui, la mer et le bateau. Un week-end, de temps en temps, il prend le ferry pour aller chercher sa fille Agathe sur le continent. Il aimerait aller naviguer avec elle, lui faire sentir les embruns fouetter le visage quand l'entrave fend la crête des vagues, ce vent de liberté. Mais Agathe est trop jeune encore.Souvent, après le boulot, Léni retrouve les copains au café du port pour jouer à la coinche. Et depuis quelques temps autour du zinc, les conversations tournent autour d'un seul sujet : le pont. Bientôt, l'île ne sera plus tout à fait une île puisqu'un pont la reliera au continent. Est-ce la fin de la poésie comme le pense Stéphane ?En refermant "Tant qu'il reste des îles", vous aurez le sentiment de vous être tenus sur une falaise surplombant la mer, vous aurez senti les embruns et le goémon à plein poumons. Bras écartés vous aurez accueilli au creux du coeur une humanité simple, fragile, fidèle et solidaire. Le peuple de la mer."

Dimitri Rouchon-Borie

Le Tripode

Conseillé par (Libraire)
2 janvier 2021

Conseillé par Stéphanie et Etienne

Il y a des livres comme ça. Qui vous agrippent, vous bousculent, vous font frissonner. En refermant "Le démon de la colline aux loups", on reprend conscience, hypnotisé, en réalisant que l'on a été en apnée durant 237 pages. Cette lecture est une plongée dans les ténèbres. C'est comme un tableau de Soulages : le noir est partout, omniprésent. Et pourtant cette noirceur ouvre des portes insoupçonnées. Mystérieusement, de façon inexplicable, ce noir diffuse une lumière, une lumière particulière, mais une lumière quand même.
C'est aux côtés de Duke, à travers sa langue bien à lui, que vous marcherez sur la colline aux loups et que vous découvrirez le Démon qui l'habite. Dimitri Rouchon-Borie s'immisce avec un talent insensé au plus profond d'une âme broyée. Ce roman est d'une violence et d'une puissance rare.

Conseillé par (Libraire)
30 décembre 2020

Conseillé par Stéphanie

L'enfant parfait n'existe pas, le parent parfait encore moins. Facile à dire. Moins facile de s'en persuader quand on est l'enfant ou le parent concerné.
Roxane est la fille unique d'une musicienne concertiste accaparée par son métier et d'un père exigent mais absent qui a refait sa vie dans le Sud.
Roxane a appris à tout gérer seule : ses repas, ses devoirs, le mal-être maternel, les demandes parentales implicites et explicites.
Cette année de première scientifique est importante pour Roxane. Scolarisée dans un lycée parisien élitiste, elle ne se laisse pas le choix : sa réussite et son avenir ne peuvent passer que par une grande prépa.
Le quotidien d'une ado d'aujourd'hui, les petits soucis, les grandes angoisses de Roxane alternent avec la voix de François. Fils de médecin, père d'un ado qui le déstabilise dans ses certitudes, François est cardiologue. Mais pour combien de temps encore ? Puisqu'il est convoqué par le Conseil de l'Ordre des Médecins pour statuer sur sa responsabilité dans un drame.
Dès lors on sait que les destins de Roxane et François sont liés. Le lecture vibre, compatit, s'insurge. Avec les personnages, il vit la pression sociale, scolaire et familiale. Vanessa Bamberger a trouvé la langue pour viser juste, droit au coeur.
Cette histoire nous tient en haleine, elle bouleverse bien des préjugés, elle interroge l'amour et les attentes parentales, elle nous rappelle combien l'imperfection et la fragilité sont humaines. L'injonction sociale nous le fait trop souvent oublier ...