Conseils de lecture
Grande émotion en refermant ce livre-pépite, portrait d'une vie repliée, d'une souffrance à peine consolée, histoire de femme, intime, bouleversante et magnifiquement servie par une plume d'une poésie pure.
Sans elle, les toiles de Van Gogh auraient été détruites... mais sa ténacité et sa clairvoyance ont tenu bon face aux inquisiteurs d'un art trop en avance sur son temps. Très beau portrait de Johanna Bonger-Van Gogh, veuve de Théo, femme de l'ombre d'une histoire familiale marquée par la folie et le chagrin, qui trouva dans les peintures de Vincent le souffle nécessaire à sa survie.
Roman de l'attente, de l'emprise, texte enroulé sur lui-même dans l'ombre du danger, voilà une lecture qui nous malmène autant qu'elle nous éblouit – le retour d'une soeur haïe, toxique et flamboyante dans la vie simple de la narratrice... Le piège se referme, tendrement, jusqu'à l'asphyxie...
Un très grand moment de lecture, d'une noirceur sidérante, mené par une écriture patiente et impeccablement maîtrisée.
Où l'on retrouve l'IMMENSE GENIE NARRATIF de l'autrice de Station Eleven, une construction BRILLANTE et impeccablement menée qui nous entraîne dans la chute du beau monde, post-2008 : une rupture des apparences consommée dans la mélancolie et avec courage par des personnages toujours aussi solitaires et émouvants.
Encore un roman sur l'effondrement de notre civilisation ? Oui. Encore une héroïne à la sauce Gallmeister, vive, farouche et indépendante ? Oui, aussi. Mais il faut croire que la recette fonctionne toujours : Les dents de lait m'a happée dans son atmosphère en plein cagnard, et le trio de femmes qui portent ce premier roman ont quelque chose de magnétique, qui ne s'oublie pas.