Nuit de septembre

Angélique Villeneuve

Grasset

  • Conseillé par
    7 octobre 2016

    famille, suicide

    La narratrice tente de mettre des mots sur le décès brutal de son fils.

    Pas de misérabilisme, pas de pleurs, aucune tentative de chercher à savoir pourquoi. Juste des mots sur cette absence que la mère vit jour après jour.

    Les arbres sont là pour aider cette mère démunie.

    Et puis un jour, elle trouve dans une autre langue comment se dit un parent orphelin de son enfant.

    L’image que je retiendrai :

    Celle de cette mère qui sent l’absence de son fils au creux de sa hanche, physiquement.

    alexmotamots.fr


  • Conseillé par
    3 avril 2016

    Un témoignage pur, sans pathos

    C'est avec beaucoup de pudeur qu'Angélique Villeneuve nous conte son histoire, celle d'une mère face à la souffrance, au chagrin, au deuil, à l'incompréhension du geste de son fils.

    Ne pas juger son fils, décrire la vie «d'après», offrir avec ce récit une place à cette mère que la langue française ne nomme pas, à celle qui est «orpheline d'enfant». S'emparer avec force du pronom «tu», et laisser sa plume glisser sur le papier afin de peindre les gestes, les rencontres, les conversations ; exprimer sa douleur, mais mettre sa souffrance à distance. C'est ainsi que j'ai ressenti ce récit.

    Sur cette route de la reconstruction, de la continuité, la romancière suit le chemin de la vie, contemple les êtres, les choses, les plantes, les animaux -le chat de la maison lui offre un moment d'une beauté exceptionnelle, et poignant- pour nous montrer le monde, la beauté de l'instant, la beauté qui existe, même lorsque sa vie a basculé dans le chaos.

    Un témoignage est toujours délicat. Celui-ci est rédigé avec une plume sobre, sans pathos, entraînant le lecteur dans un texte puissant, qui secoue bien longtemps après la lecture.

    © Les Chroniques de Mlv - 03-04-2016


  • Conseillé par
    20 mars 2016

    Orpheline d'enfant

    Pour lire ce texte magnifique, il faut avoir le cœur bien accroché et une boîte de mouchoirs à portée de main.

    On le sait, il n’y a pas de mots en français pour dire qui l’on est, lorsqu’on perd un enfant. « Orpheline d’enfant, cela ne se dit pas ». Angélique Villeneuve le sait aussi. Pourtant cela ne change rien à la douleur, tapie en elle « une bête fidèle », depuis ce matin de septembre, à huit heures, où elle a trouvé, avec son mari, leur fils de vingt-et-un ans pendu dans sa chambre, au premier étage de leur maison. Aussi lancinante que la douleur, monte en elle une effroyable question: « Lorsqu’un enfant meurt, est-on toujours sa mère, est-ce qu’un enfant perd sa mère en même temps que la vie? ». Angélique Villeneuve ne sait pas. Les démarches auprès des pompes funèbres, l’interrogatoire des pompiers et des policiers qu’elle a regardés emporter le corps de son fils dans un sac blanc: elle a fait tout ce qu’il fallait. Mais pleurer, elle n’a pas pu. Et les larmes qu’elle ne parvient pas à verser, coulent sur nos joues.

    Lire la suite de la critique sur le site o n l a l u


  • Conseillé par
    10 mars 2016

    « Une nuit, ton fils s’est tué dans sa chambre, au premier étage de votre maison. Au matin à huit heures, avec son père tu l’as trouvé. » J'ai tourné autour de ce livre avec la crainte de recevoir des émotions qui m'auraient alourdie. Comment avais-je pu oublier la générosité et la bienveillance d’Angélique Villeneuve? Avec ce livre, elle donne et elle partage du sincère, du touchant mais aussi du respect, une humilité. La question du pourquoi n’a pas sa place. En employant, le « tu » pour écrire, elle partage avec le lecteur l’après. Le quotidien, les gestes qu’il faut continuer, la vie mais sans son fils.
    Assise sur le lit où il a décidé « d’arrêter » ou à son bureau, dans les rues touchant les platanes comme par nécessité, le manque est présent. Les digues cèderont pour laisser place aux pleurs, son corps de mère lui fera sentir sa souffrance « Tu en as pris plein la figure et ta figure, ta couenne, tes os, l’expriment à leur petite manière » alors qu’elle est toujours à la recherche de ce mot qui n’existe pas pour la désigner.
    Ecrire, mettre en mots l’absence, l’indicible, le vide mais aussi tout ce que son fils lui a apporté. Ce qui est précieux, ce que ne s’enlève pas.

    Ce texte à la portée universelle m’a plus que touchée. Les yeux souvent baignés de poissons d’eau, la beauté, la poésie et la douceur qui s’en dégagent ont fait jaillir d’autres larmes. Parce ce que ce texte est rare, parce qu'il parle avant tout de vie, parce qu'il possède cette luminosité comme celle que l'on voit quand on lève la tête, ces rayons de soleil enrichis par la danse des feuilles des arbres.

    Ce livre m’a beaucoup apportée et j'en suis sortie plus forte, je ne peux pas en dire plus.
    Une lecture belle et nécessaire.