Pax et le petit soldat

Sara Pennypacker

Gallimard Jeunesse

  • 23 mai 2020

    Ce livre est dans ma bibliothèque depuis des années pour la beauté de sa couverture et parce que les avis étaient unanimes lors de sa publication. Pour autant, il m’était difficile d’entrer dans le roman. Probablement parce que la thématique de la séparation prenait trop de place, surtout lorsqu’elle touche à l’enfance.
    Pourtant, l’hiver dernier je l’ai envoyé en cadeau instinctivement à une de mes anciennes élèves voyageuse. D’ordinaire, je préfère lire en amont avant de soumettre à l’enfant une lecture possiblement décevante ou troublante.
    Peter doit se séparer de son renard Pax. Nous sommes dans un temps indéfini, une veille de guerre. C’est le père qui impose cette séparation au jeune garçon. A l’orée de la forêt, Peter jette un petit soldat et le renard s’empresse de le rechercher. Juste un instant, suffisant pour le père et l’enfant de reprendre la route, non sans peine pour l’enfant contraint. Auparavant, je n’étais jamais parvenue à aller au-delà de cette scène inaugurale. Difficile de décrire ce sentiment d’abandon à qui que ce soit. Et puis parfois les mains relâchent un peu leur crispation sur la tranche des pages, la gorge se dénoue et on avance dans ce roman d’aventure.
    On suivra chaque péripétie de l’enfant, de la fugue à l’opportunité d’une belle rencontre, de l’hébergement chez une femme singulière Vola, mi-sorcière mi-maman. Je n’ai pas précisé que l’enfant a perdu sa maman , je n’ai pas dit non plus pourquoi le renard s’appelle Pax. C’est la richesse de la lecture de ce roman qui vous l’apprendra.
    Tous les sentiments sont dangereux, on ne peut les éviter, aucun d’entre eux. C’est ce qu’apprend Peter depuis qu’il a laissé Pax, seul, dans la forêt.

    « Nous possédons tous en nous un monstre qui s’appelle la colère. Il peut se révéler utile: notre colère contre l’injustice peut donner de très bons résultats. Bien des maux sont réparés ainsi. Mais d’abord, nous devons tous découvrir comment civiliser le monstre. »

    L’intensité du roman est bouleversante d’un bout à l’autre. L’abnégation du jeune garçon est sans faille, celle de l’animal toute aussi forte. Un livre coup de cœur avec de sublimes illustrations de Jon Klassen, qui nous emportent au creux de la forêt, de l’humus et des sous-bois.